Apres Manille, j'avais prévu deux étapes, une verte et une bleue. Un des plaisirs du voyage réside dans l'imprévu et j'ai ajoute une étape jaune a mon programme.
La verte se passe dans la Cordillera, au nord de Luzon, principale ile des Philippines. Avec un rythme de maillot jaune du Tour de France, j'ai avale les cols de ces montagnes a la Bernard Hinault, a une vitesse moyenne de 40 km/h. Les routes ont beau être en meilleur état qu'en Indonésie, les lacets et les portions caillouteuses limitent la vitesse de pointe. On gagne simplement en confort et les séances de trampoline sont moins épiques que dans les bus de Sumatra.
BAGUIO
En arrivant dans cette ville de montagne, j'ai eu l'impression d'arriver dans une station huppée de sport d'hiver, type Courchevel ou je ne suis jamais allé...Je ne peux pas comparer d'autant qu'il n'existe dans la région aucune piste de ski. Les pics montagneux culminent a 2200-2900 mètres et, même si la température est fraiche, le minimum en plein hiver, en janvier (oui oui, nous sommes dans l'hémisphère nord comme a Courchevel...) avoisine les 5 degrés. Il fait frais, mais a part dans les congélateurs que sont les bus a air conditionne, je n'ai pas sorti mon sweat shirt.
Avec le réchauffement climatique, ce n'est pas demain que Rossignol fera une percée commerciale dans le pays en vendant des skis alpins. Un représentant commercial, même en doublant chaque année son chiffre d'affaire (année 0: 0 vente, année 1: 1 paire de ski, année 2 : 2 paires année 3 ; licenciement assure comme l'histoire des 3 enveloppes que m'a racontée un de mes patrons...), serait autant menace que les 500 espèces de corail du pays qui a la plus grande richesse au monde dans ce domaine.
Baguio a été construite dans les années 1900 selon les plans d'un architecte de Chicago pour servir de camp de base aux militaires américains. C'est un charmant lieu de villégiature, une cuvette verdoyante entourée de petites collines parcourues par des rues arrondies, montantes ou descendantes selon le sens qu'on emprunte.
Apres la traversée du « Boating Lagoon » au cœur du Burnham Park, un petit « breakfast » au « Cafe by the ruins », je suis allé au rendez-vous des jeepneys de la région, au « City Market ». Il n'y a pas de moto ou de scooter mais des jeeps de transport collectif, des taxi blancs Toyota et quelques tricycles. Les voitures sont montagnardes, adaptées aux routes qui alternent portions caillouteuses et portions bétonnées, portion qui peut être moitié quand une seule voie est bétonnée. La route est ici un beau patchwork de béton et de cailloux qui progresse bizarrement selon je ne sais trop quelle règle.
L'imposant centre commercial, le SM mail, donne du quatrième étage un beau panorama sur cette ville circulaire.
SAGADA
Je ne vais pas écrire un roman fleuve sur ce petit village de 1500 habitants. Arrive a 15h, j'en suis reparti le lendemain matin après une nuit dans une chambre cosy d'un hôtel désert, St Josephs Resthouse. C'est la saison des pluies; les nuages arrivent en milieu d'après midi pour la petite averse du soir. Le matin, on est au dessus des nuages et la descente vers Bontoc est assez amusante pour sa traversée de la couche de brume matinale.
J'ai eu le temps de visiter la cave de Sagada. Pas le moindre centilitre de pinard...mais après une descente « slippy » de 120 mètres dans cette grotte j'ai pique une tête dans l'eau claire et fraiche d'une piscine souterraine.
Je n'ai pas vu la spécialité de la région, les momies, mais juste les cercueils incrustes dans la falaise...Ambiance, ambiance à vous remonter le moral !
Amateur de step philippin, il faut venir ici en avril-mai pour profiter des balades sur les montagnes. Contrairement a l'Indonésie, on ne se promène pas dans la jungle mais dans des forets de pins, un peu comme en France.
Frais, nuageux, légèrement pluvieux j'ai mis le cap sur la cote ensoleillée de la région Ilocos Sur.
BANAUE
La route est encore plus belle que celle de Baguio a Sagada. Une route, perchée sur la montagne, serpente légèrement sur les versants tantôt exposes ouest, tantôt exposes est. Apres 1h de jeepny de Sagada a Bontoc, puis 2h de bus, j'ai atteint l'objectif de mon bord philippin, Banaue.
Ses terrasses de riz sont classées au patrimoine mondial de l'Unesco. Personnellement, je préfère celles de Jatilhuil a Bali. Mais quand on sait que des ingénieux indigènes ont mis au point un système sophistique d'irrigation de ces montagnes deux mille ans avant que je pointe mon nez ici, ce paysage mérite le respect.
J'ai optimise mon excursion locale en tricycle pour pouvoir prendre mon bus de 16h30. Tel un japonais moyen, équipé d'un Nikon moyen, j'ai fait les deux arrêts photos imposes ; le View Point et le village Ifugao.